Quelle huile choisir pour nos moteurs d’anciennes ? A quoi sert une huile moteur ?
Voici un article trouvé sur internet qui apporte un début de réponse à cette question.
La fonction de base d’une huile moteur est la lubrification. Elle limite l’échauffement et l’usure des pièces métalliques en mouvement et joue un rôle important dans le refroidissement, en circulant dans toute la mécanique. Elle assure l’étanchéité des segments et des sièges de soupapes grâce à son pouvoir mouillant.
Tout d’abord nous n’avons comme info que ce que les fournisseurs d’huile indiquent sur les bidons, et nous trouvons : La marque ; le type : minérale, semi-synthèse, synthèse ; la viscosité, en général multigrade (..w..) ; l’application au moteur : (essence ou diesel) avec des conseils d’utilisation (ville/route, atmosphérique/turbo, etc…) ; et la correspondance aux normes : S.A.E., C.C.M.C., A.C.E.A., A.P.I., M.I.L. etc…
PROVENANCE
Il est important de choisir une huile de provenance connue (grands producteurs d’huile) bien que certains hypermarchés distribuent sous leur marque des huiles de grands producteurs (par ex : Carrefour = Mobil). Pour s’en assurer, il faut regarder la rubrique « Emb » sur le bidon, les 5 chiffres sont le code INSEE de la commune. S’il y a une lettre après les chiffres, c’est que plusieurs sociétés produisent la même chose sur cette commune…
LES NORMES
Seules 2 d’entre elles nous intéressent : SAE et API
S.A.E. (Society of Automotive Engineers). Elle définit la viscosité de l’huile, monograde ou multigrade.
Monograde : SAE 20, SAE 30 SAE 40 Le chiffre indique la fluidité de l’huile à environ 100°C Plus le chiffre est élevé, plus l’huile est « épaisse » (c’était la seule caractéristique retenue pour sélectionner l’huile jusqu’aux années 50)
Multigrade : SAE 20W50 par exemple est une huile HIVER de viscosité 20 à basse T°C et de viscosité 50 à environ 100°C donc fluide à froid et épaisse à chaud.
A.P.I. (American Petroleum Institute)
2 lettres caractérisent l’huile :
La première : S pour moteurs à essence, C pour diesel. Seul le moteur à essence nous intéresse.
La seconde : de A à G en fonction des caractéristiques du produit qui a suivi l’évolution des moteurs. Evolution des huiles de SA…à…SG !
SA : huile des années 20/25, minérale pure, sans additifs, monograde.
SB : même base que SA mais avec additifs antioxydants, anti-rayures, mais toujours non détergente et monograde.
SC : SB avec protection contre les dépôts à basse et haute T°C c’est le premier niveau d’huile détergente avec en complément des additifs anti-usures (oxydes métalliques tels qu’oxyde de zinc, etc.…), antirouille (dispersion de l’eau de condensation).
Ces huiles sont caractéristiques des années 60/65, elles sont multigrade (W).
SD : idem SC mais caractéristiques améliorées années 70 (elle suit l’évolution des moteurs).
SE : idem SD caractéristiques encore améliorées (années 75).
SF : idem SE mais renforcement des caractéristiques anti-usures, extrême pression, antioxydants, elle correspond aux exigences des constructeurs des années 80.
SG : renforcement des caractéristiques anti-dépositions, par des additifs optimisés.
Il existe un autre type d’huile dont le nom est connu des amateurs : l’huile de ricin ! C’est une huile VEGETALE aux caractéristiques exceptionnelles par rapport à une huile MINERALE de base (SB). Cette huile présente des avantages mais aussi des inconvénients (pour notre usage), elle était employée à la belle époque en compétition dans les moteurs « gonflés ». Avantages : très grande stabilité en température, très grande qualité extrême pression, odeur sympa ! Nota : en raison de ses qualités exceptionnelles, l’huile de ricin (plus épaisse) est toujours d’actualité aujourd’hui dans les réducteurs à vis sans fin et dans les ponts AR à vis (Peugeot). Inconvénients : n’est pas multigrade, d’où mauvais graissage au démarrage. Elle n’est pas miscible avec les huiles minérales, le mélange à chaud forme un mastic qui finit par complètement bloquer le pont. Elle forme un dépôt carbonisé impossible à enlever sans un démontage complet du moteur. Avis aux amateurs !…
Les huiles synthétiques ou semi-synthétiques :
Ce sont des huiles de génération récente et d’excellentes qualités qui ne conviennent pas à nos anciennes car trop fluides (en général, de grade 5 à froid), il est quasiment impossible de l’empêcher de s’échapper au travers des joints liège ou papier. De plus, ces huiles possèdent un indice d’échange thermique (transfert thermique entre le métal et l’huile) bien inférieur aux huiles minérales, elles sont développées pour les moteurs actuels dont les systèmes de refroidissement sont optimisés. Nota : dans nos vieux moteurs sans pompe à huile, sans pompe à eau, les transferts thermiques sont, en grande partie assurés par l’huile, même pour des moteurs refroidis par air (ex : Panhard, 2cv etc…).
CHOIX :
A ce stade des informations, nous nous rendons compte qu’il n’y a pas de solution universelle, à chaque génération de moteur correspond une huile.
Evolution des huiles moteur
Les premières automobiles s’en tenaient à une huile minérale simplement issue des raffineries. La calamine était alors considérée comme utile en assurant l’étanchéité des chambres. Revers de la médaille, les chauffeurs devaient dégommer le moteur à la manivelle, avant chaque voyage!
Dans les années 30, ces huiles minérales classiques vont faire place aux huiles minérales fabriquées par hydrocraquage, qui tiennent mieux à froid. Puis, l’ajout de polymères dans les années 50 mène à l’huile Multigrade qui permet d’être fluide à froid et plus épaisse moteur chaud. Aux abords des années 60, l’amélioration des méthodes de raffinement chimique fait naître l’huile synthétique et semi-synthétique. Leurs comportements à chaud et à froid vont être beaucoup plus rigoureux, mais leurs capacités d’échange thermique sont bien moindres, et donc peu adaptées aux autos plus anciennes.
En résumé, voici, en fonction des générations de moteurs, le type de lubrifiant le mieux adapté.
Années 20 : graissage par barbotage On utilisera une huile monograde SAE30, en hiver et 50 en été, pour une bonne tenue à chaud, bonne évacuation calorifique et éviter une consommation excessive d’huile. Avec aucun additif, à la limite un anti-usure léger sera autorisé. Les ancêtres n’ont pas de filtre à huile donc cantonnez-vous aux huiles API SB qui sont douces pour les joints en liège, les assemblages en laiton et qui ne décollent pas la crasse. Plus votre moteur s’use, plus vous pourrez monter en viscosité pour limiter les jeux et fuites. Une huile monograde ne pénalise pas trop. La classe API : SB si possible (non détergente car pas de filtre à huile ni de possibilité d’installation). Vidange tous les 1000Kms, ou tous les ans. Dégommage du moteur tous les matins à la manivelle. Laisser le moteur monter tranquillement en température.
Années 30/50 : SAE 40 (même raisons que pour années 20). API SB (non détergente pour un moteur dont on ne connaît pas ses antécédents). 20w50 SC (à faible niveau de détergence) si le moteur est « propre » mais vidanges fréquentes car l’huile contient des additives anti-dépositions, les impuretés restent en suspension (produits carbonisés, limaille etc…). Les bouchons magnétiques ne sont pas à négliger.
Les périodicités de vidange étant courtes sur une ancienne, il est nécessaire d’adapter la viscosité à la saison d’utilisation du véhicule. Privilégiez une SAE50 en été et une SAE30 en hiver : Une huile trop fluide en été occasionne une baisse de pression tandis qu’une huile trop épaisse en hiver peine à être aspirée par la pompe.
Si votre auto ne dispose pas de filtre à huile, peu d’éléments diffèrent de l’utilisation d’une ancêtre : dégommage tous les jours et vidange tous les 1000 kms. Avec un filtre à huile et une huile légèrement dispersante, vous pouvez espacer vos vidanges à 2500kms.
Années 50/60 : Une règle avant tout: Fuyez les huiles au phosphore! Ce nouvel additif est totalement nocif pour un moteur ancien: il ronge les bagues en bronze et dissout les joints en caoutchouc. Jusqu’à l’aube des années 80, les constructeurs ont utilisé des huiles multigrades peu chargées en additifs. Les filtres à huiles de l’époque étant moins performants, l’huile ne devait pas être trop dispersante pour ne pas déposer trop d’impuretés dans les carters et dans les filtres. Enfin, elle doit être peu chargée en agents anti-usure pour permettre le rodage de la mécanique. Si votre auto est équipée d’un filtre à huile, une API SF ou SG conviendra. Sans filtre à huile, privilégiez une SB ou SC.
La logique est simple: respectez les prescriptions d’origine ! En l’absence d’information, l’huile classiquement utilisée dans les années 50 est une SAE30 ou une 20W50.
Pour les autos des années 60, vous privilégierez une huile minérale légèrement plus fluide, 15w40 ou 15w50 selon votre moteur. Selon les climats, il est possible de rouler toute l’année en multigrade. En cas de région particulièrement froide, une SAE20 ou 30 facilitera les démarrages en évitant à la pompe de saturer.
Sans filtre à huile, vidangez tous les 1000 kms ou tous les ans, pour éviter aux impuretés de circuler trop longtemps dans le circuit d’huile qui s’oxyde également. Avec un filtre, vous pouvez vous permettre de vidanger tous les 2500 kms. Enfin, votre huile peut se dégrader plus rapidement si vous parcourez beaucoup de kilomètres à un rythme soutenu. Prévoyez alors de rapprocher vos vidanges, voire, de vidanger après chaque utilisation intensive.
Années 60/70 : 2 variantes : sans filtre à huile, avec filtre
Sans filtre : 20w50 même motifs que précédemment API : SB ou SC si moteur propre, bouchon magnétique conseillé
Avec filtre : 20w50 idem ! API : là, c’est le haut de gamme des minérales : SF/SG/SJ.
Remarque : si vous ne trouvez pas en station votre SAE 40 en API : SB pour votre puissante 5HP, vous pouvez toujours vous rabattre sur une huile à usage industriel tel que l’huile pour compresseurs d’air qui est monograde (30 à 50) mais qui est parfaite pour les moteurs à barbotage (comme les compresseurs). Ses caractéristiques antioxydants et son haut indice thermique en fait un produit tout adapté. Attention, conditionnement industriel ! Pour les moteurs équipés de pompe à huile essayez d’envisager l’installation d’un filtre extérieur, c’est parfois possible. Après cette adaptation mécanique => SF/SG/SJ
quelques petits conseils :
– Pour prolonger la durée de vie de votre moteur, quelle que soit l’époque de votre auto, monter un bouchon de vidange magnétique, il accumulera toutes les impuretés qui circulent dans le moteur
-En cas de redémarrage d’une mécanique ancienne évitez à tout prix une huile détergente : elle va décoller la calamine accumulée dans le moteur depuis des dizaines d’années, cette dernière allant alors obstruer les orifices de lubrification de votre moteur… La sanction arrive au bout de 500 kilomètres : bielle coulée
– Contrôlez toujours votre jauge de pression d’huile : c’est elle qui vous indiquera s’il vous faut avancer votre vidange.
– Toutes les huiles sont miscibles entre elles, à l’exception du ricin, mais évitez les mélanges avec des huiles plus modernes pour refaire les niveaux : vous dégradez la qualité de votre huile originelle.
– Enfin, utilisez des filtres de qualité.
Allez ! Bonne vidange…